Optimisation des compositions de chirurgie : La puissance de la Loi de Pareto
Introduction :
Un établissement de santé est confronté à des défis quotidiens pour garantir la disponibilité et la qualité de ses instruments de chirurgie. La volonté d’amélioration est constamment présente dans les équipes, néanmoins, le lancement d’un projet aussi complexe et transversal qu’une optimisation ne doit pas se faire à la légère…
Souvent, 20 % des instruments génèrent 80 % de la charge de travail et des coûts. C'est dans ce contexte que la loi de Pareto se révèle être un outil stratégique pour identifier les axes d’amélioration les plus efficaces et définir des actions correctives.
En se concentrant sur un petit pourcentage d’éléments critiques, les établissements peuvent optimiser les processus de stérilisation et améliorer la productivité des blocs opératoires. Encore faut-il les identifier clairement !
LA LOI DE PARETO
Appelée aussi règle des 80/20, indique que 80 % des effets proviennent de 20 % des causes.
Appliquée à la gestion des compositions chirurgicales, elle signifie que 20 % des instruments dans les compositions ou des compositions elles-mêmes, sont souvent responsables de 80 % des interventions en termes de besoins et de fréquence d'utilisation.
Dans un but d’obtenir des résultats concrets dans un temps très court, cette méthode est tout à fait indiquée !

1. Identifier les axes de travaux prioritaires
Il est important en premier lieu de tenir compte de l’existant et donc, de l’organisation déjà en place dans l’établissement, c’est-à-dire : spécialités chirurgicales, volumes d’activités, compositions existantes dans chacune d’elles, nombre de rotations, volumes d’instruments traités.
En premier lieu, les volumes d’activité de chaque spécialité chirurgicales vont permettre de définir les équipes à solliciter. La motivation des équipes à réaliser ce travail a aussi son importance et pour créer une dynamique, la stratégie doit prendre en compte ce paramètre mesurable seulement par le responsable interne du projet.
Dans les spécialités ciblées, les premiers indicateurs à surveiller sont le taux de rotation et les retours urgents pour recomposition. En identifiant et en optimisant ces compositions, des résultats concrets apparaitront très rapidement
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Réduction du nombre de compositions et d’instruments dans chaque composition.
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Moins de pertes de temps liées aux recompositions urgentes.
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Economies de places et de volumes dans les automates.
Une optimisation bien menée, peut permettre de diminuer les coûts liés aux instruments de chirurgie de 20% au regard de notre expérience.

2. Prioriser les actions correctives en fonction des objectifs
Le paramètre majeur dans le travail d’optimisation est celui des données numériques liées aux instruments et compositions de chirurgie ➔ Chaque instrument ou composition doit être identifiable sans confusion possible par tous les intervenants. L’utilisation d’un langage commun devient alors une évidence.
En commençant par une analyse des données numériques disponibles sur les compositions de chirurgie (notamment les fréquences d'utilisation, les taux et les incidents de rotation), vous pouvez identifier les «20%» d’instruments ou de compositions qui génèrent 80% de la charge de travail, des coûts, ou des interruptions au bloc opératoire. Cela permet de structurer les actions correctives autour des éléments les plus impactant et de guider le travail d’optimisation.
Voici 3 pistes de travaux :
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Évaluation des compositions critiques : Concentrez-vous sur les 20% de compositions utilisées. Cela garantit que les efforts d'optimisation s’alignent avec les besoins fréquents des blocs opératoires, réduisant les manques et les recompositions urgentes.
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Priorisation des incidents récurrents : Souvent quelques compositions ou types d'instruments sont responsables de la majorité des incidents (pertes, manques ou dommages). En ciblant les efforts de vérification et de prévention sur les instruments problématiques, vous économiserez du temps et gagnerez rapidement en fluidité.
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Rationalisation des stocks et des achats : En identifiant les 20% des instruments les plus critiques, vous pouvez prioriser les achats et le stock tampon pour ces éléments, garantissant ainsi leur disponibilité. Cette démarche optimise également les coûts, en évitant des achats superflus.

3. Exemples de l’industrie appliqués à la Stérilisation Hospitalière
La loi de Pareto est couramment utilisée dans divers secteurs industriels pour optimiser les ressources et réduire les coûts. Voici quelques exemples inspirants d’autres domaines :
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Industrie automobile : Dans les chaînes de production, elle est appliquée pour cibler les composants critiques qui posent la majorité des problèmes de qualité. En stérilisation, cela pourrait se traduire par une attention particulière donnée aux instruments les plus fréquemment défaillants, en assurant un suivi accru et des vérifications plus rigoureuses avant leur remise en circulation.
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Secteur de la logistique : Les entreprises logistiques se concentrent sur les 20% des routes ou des entrepôts responsables de 80% du trafic ou des coûts. En stérilisation, cette approche peut permettre de cibler les investissements sur les compositions essentielles, limitant ainsi les coûts de dispositifs moins utilisés.
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Technologies de l’information : Dans les grandes entreprises de technologie, les équipes priorisent les 20% de fonctionnalités d’un logiciel qui sont utilisées 80% du temps. De même, en stérilisation, intégrer les fonctionnalités essentielles, telles que la gestion des stocks tampons ou maintenance d’instruments critiques, permettrait plus de fluidité et moins de ruptures d’approvisionnement.
Conclusion :
L’application de la loi de Pareto à la gestion des instruments de stérilisation se révèle être une démarche stratégique.
En ciblant les 20 % des compositions et instruments responsables de 80 % de la charge de travail, les établissements de santé optimisent leurs ressources, réduisent les coûts et améliorent la disponibilité des instruments au bloc opératoire.
Les exemples issus d’autres industries démontrent que cette approche permet non seulement de gagner en efficacité, mais aussi d’assurer une meilleure qualité des soins en répondant aux besoins critiques.
La mise en œuvre d’une optimisation ne nécessite pas de changements radicaux, mais plutôt une approche progressive, centrée sur les axes prioritaires.
Aidés par des outils numériques d’information et de gestion appropriés, les établissements peuvent mesurer et prendre les bonnes décisions pour maximiser l’efficacité opérationnelle.
Jean-Paul Averty
Président-Fondateur de InWay SAS